Cité du Cinéma, attractivité et marketing : la formule gagnante de Luc Besson
(c) Vinci
Il aura fallu douze longues années à Luc Besson, producteur avec sa société EuropaCorp et réalisateur de grands succès (Le Grand Bleu, Nikita ou Léon) pour que son rêve devienne réalité et qu'il soit désormais techniquement possible de créer en France un film à gros budget de A à Z.
L'histoire de cette Cité remonte à 1997 selon l'article du Monde. En 1997, le cinéaste
avait dû "s'expatrier un an et demi" pour tourner Le Cinquième Elément. "Ça l'avait rendu malade", précise Christophe Lambert, directeur général d'EuropaCorp – société de production et de
distribution de films de Luc Besson –, d'où son souhait de permettre aux réalisateurs français de rester dans l'Hexagone pour mener à bien leurs projets cinématographiques. Pour Christophe
Lambert, la création de cette Cité du cinéma marque "la fin d'une bizarrerie" : "La France a le premier cinéma d'Europe mais c'était aussi le seul pays européen où il n'y avait pas
d'infrastructures pour accueillir la production de films."
La Cité du cinéma est installée à la Plaine-Saint-Denis, près de Paris, dans une ancienne centrale électrique d'EDF construite en 1933 pour alimenter le métro
et construite dans le style art déco.
(c) AFP
La Cité du Cinéma abrite désormais 23 000 m2 de bureaux (dont 19 000 m2 dédiés à EuropaCorp), 11 000 m2 d'activités de production cinématographique, 10 000 m2
répartis en neuf plateaux de tournage et enfin 8 000 m2 dédiés à l'Ecole nationale supérieure du cinéma Louis-Lumière.
La Cité du Cinéma a été inaugurée le 21 septembre dernier avec les hommages du milieu professionnel et, bien sûr, de stars internationales !
Cité du Cinéma : le tout-Hollywood à Saint-Denis par LeNouvelObservateur
La Cité du Cinéma est également un formidable outil au service du développement de la filière, mais aussi de l'attractivité internationale de la France. Dans son interview à Europe 1 (23 septembre 2012, C'est arrivé demain), Luc Besson explique pourquoi la Cité est nécessaire à l'industrie cinématrographique française, mais aussi à son attractivité. Voici ses idées clés, mais je vous invite à écouter son interview complète :
- Idée 1 : pour se développer, il faut un marché. Luc Besson rappelle que la France est le premier pays producteur de films en Europe, mais pas le premier lieu de
tournages de grandes productions internationales car de nombreuses se passent à l'étranger. Certains pays, sans filière locale, attirent ces productions françaises ou étrangères.
- Idée 2 : la présence d'une filière complète est un atout. Il rappelle alors que la France dispose d'un véritable éco-système performant d'écoles,
d'entreprises, de professionnels, etc. qui constituent un véritable avantage comparatif.
- Idée 3 : il faut de grands équipements mutualisés. La Cité du Cinéma répond à un véritable besoin du marché car la France ne disposait plus depuis de nombreuses
années de très grands studios aux normes mondiales et offrant des gains de productivité. Ceci explique d'ailleurs la délocalisation de certaines productions françaises ces dernières
années, y compris d'ailleurs du "5ème élément" que Luc Besson avait du aller réaliser au Royaume-Uni ( source). Elément non négligeable, cet équipement structurant doit être bien localisé
tant vis-à-vis de la filière cinématrographique que d'aéroports (notamment pour faciliter la mobilité des acteurs et professionnels). La proximité de la Cité du Cinéma à de grandes
infrastructures et aux aéroports du Bourget et de Paris Charles de Gaulle est un véritable atout.
- Idée 4 : l'image est un élément non négligeable. En ce sens Paris joue un rôle stratégique vis à vis de professionnels et réalisateurs étrangers qui se plaisent
dans la capitale française et souhaiteraient y tourner plus si certaines autres conditions étaient satisfaites..
- Idée 5 : la compétitivité d'une filière se joue aussi en matière de rentabilité des productions. Luc Besson indique que la France n'est pas assez compétitive.
Le Crédit d'impôt en faveur de la production de films étrangers existe en France à l'instar des autres pays étrangers ( voir dispositif) mais souffre de deux défauts : un taux inférieur à certain pays, mais
surtout un plafond de 4 millions très inférieur aux dispositifs étrangers. Luc Besson explique que les grandes productions ne peuvent donc pas venir à cause de cet handicap fiscal et
rappelle dans son interview que les dépenses des grandes productions américaines en Europe s'élèvent à environ 500 millions d'euros. Doit-on s'en passer ?
- Idée 6 : il faut avoir une approche commerciale pour promouvoir la destination France et la Cité du Cinéma.
Ce qui est très intéressant dans la présentation de Luc Besson, c'est qu'il résume les éléments clés à travailler pour être attractivif : avoir une offre territoriale compétitive (de nombreux critères évoqués renvoient à Cerise Revait), une législation favorable, une offre de services et une compétitivité - prix adaptée à la concurrence. Décidémment, après Woody Allen ( cf. article), Luc Besson est également un excellent marketeur territorial !
Ce qui est très intéressant dans la présentation de Luc Besson, c'est qu'il résume les éléments clés à travailler pour être attractivif : avoir une offre territoriale compétitive (de nombreux critères évoqués renvoient à Cerise Revait), une législation favorable, une offre de services et une compétitivité - prix adaptée à la concurrence. Décidémment, après Woody Allen ( cf. article), Luc Besson est également un excellent marketeur territorial !