Les paysagistes, premiers acteurs du marketing territorial ?

Publié le par Vincent Gollain

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De Santu Mofokeng, photographe sud-africain contemporain qui interroge la part mémorielle du paysage dans son impact sur le développement des territoires – tant économique qu’humain - à Turner et Monet, peintres du XIXème mettant en concurrence de fréquentation artistique les espaces géographiques pour leurs atouts paysagers, l’identité compétitive des territoires décline son efficience depuis bien longtemps.

Le mémoire universitaire « Identité compétitive et attractivité économique : la communication locorégionale, entre territoire et paysage ? » (Rédigé dans le cadre d’un projet d’évolution professionnelle à vocation de communication et développement économique – cf. bibliographie) explore tous les champs des politiques d’attractivité développées par les acteurs locaux d’un territoire, la part respective relevant du paysage et de l’identité anthropologique ainsi les nouvelles voies explorées par le marketing territorial. Un bilan autant qu’une mise en perspective pour des pistes innovantes dans les années à venir …

En interrogeant les peintures paysagères d’un espace géographique depuis l’essor de ce genre pictural (La Renaissance en Italie, le XVIIIème en France), les collectivités locales ainsi que les socio-professionnels du marketing – à vocation de développement touristique et/ou d’attractivité des entreprises – peuvent utilement compléter les audits et diagnostics spécialisés sur les caractéristiques, ressources, forces et faiblesses d’un territoire, exercice particulièrement répandu actuellement. Exemple : l’exposition présentée au Musée des Beaux Arts de Quimper « De Turner à Monet, la découverte de la Bretagne par les paysagistes du XIXème siècle » propose de découvrir l’évolution des motifs d’attractivité artistique d’un territoire : aux débuts, celui d’une nature sauvage et tourmentée, puis la recherche d’un calme agreste, enfin une valorisation mixte associant l’esthétique des panoramas et les caractéristique humaines, notamment au travers des activités culturelles.

L’attractivité touristique et économique ne dit pas autre chose, un siècle plus tard …Se contenter de l’attrait environnemental, pour le tourisme, ou des services et avantages locaux (accessibilité, fiscalité, aménagements urbains …), pour les entreprises, ne suffit plus. Les territoires doivent porter des images identitaires source de plus-value d’attractivité, et reposant – entre autres – sur les caractéristiques humaines.

La campagne du Comité Régional du Tourisme de Bretagne a mis en avant les attitudes de 4 personnages plutôt que, classiquement et exclusivement, les paysages, tout en s’y référant par une mention d’ancrage géographique au travers des lieux déjà identifiés. Idem pour le magazine Finistère Tourisme faisant figurer à la Une un visage stylisé et symbolique.

Dans ce cadre évolutif, la culture joue déjà un rôle majeur : du parcours de Land Art pour légitimer un espace institutionnel en recomposition intercommunale et à vocation d’attractivité économique (Nantes - Saint Nazaire), à la valorisation de l’économie créative (Bordeaux) ou les expériences innovantes de géo-localisation culturelle (geo.culture-en-limousin.fr), les objectifs de valorisation des territoires à des fins d’attractivité économique se déclineront d’autant plus efficacement que la réforme de la fiscalité locale renforce pour les collectivités territoriales l’importance des richesses entrepreneuriales présentes sur un secteur géographique, et, partant, la volonté des élus de contribuer à un meilleur ancrage territorial des visiteurs touristiques et des sociétés privées.

L’innovation ne pourra se cantonner à un registre technologique – pôles d’excellence rurale et de compétitivité inclus –  mais devra envisager avec audace, dans le cadre d’un partenariat public-privé exigeant, d’autres formes d’aménagement spatial et de mise en réseau social pour conforter les stratégies d’attractivité économique et territoriale dans les démarches de communication locale et régionale.

 

Article rédigé par : Albine VILLEGER, Master Communication à l’Université de Rennes II – juillet 2011 vill(at)wanadoo.fr ( page personnelle)

 

Bibliographie

. Santu Mofokeng : « Chasseur d’ombres, 30 ans d’essais photographiques », Musée du Jeu de Paume, du 24 mai au 25 septembre 2011

. De Turner à Monet : « la découverte de la Bretagne par les paysagistes au XIXème siècle », André Cariou, catalogue de l’exposition au Musée des Beaux-Arts de Quimper du 1er avril au 31 août 2011


. Albine Villiger :  téléchargement de son mémoire.

Publié dans Etudes

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