Dakar 2026 : Et si le marketing territorial était le vrai héritage des Jeux Olympiques de la Jeunesse ?

Publié le par Vincent Gollain

Dakar 2026 : Et si le marketing territorial était le vrai héritage des Jeux Olympiques de la Jeunesse ?

Le Sénégal se transforme et son émergence est devenue une réalité avec de nombreux projets de développement dont celui présenté sur ce site concernant la destination « Dakar – Rufisque – Diamniadio » (voir ici). Mais plus encore, du 31 octobre au 13 novembre 2026, avec les Jeux Olympiques de la Jeunesse, le Sénégal va accueillir les premiers Jeux Olympiques de l’histoire sur le territoire africain. Un événement majeur, une responsabilité mondiale et une formidable opportunité de marketing territorial. 
Aissatou Kebe Ndiaye, spécialiste sénégalaise du marketing territorial et Cheffe de bureau Promotion territoriale et attractivité de l’Aéroport International Blaise Diagne SA a accepté de partager sur ce site ses réflexions. Merci à elle. 

Une première historique, une vitrine planétaire
Pour la première fois de l’histoire, un pays africain accueillera les Jeux Olympiques de la Jeunesse. Dakar 2026 ne sera pas qu’un événement sportif : ce sera une tribune universelle, une fenêtre grande ouverte sur l’Afrique, sur le Sénégal. Les projecteurs du monde entier ne s’arrêteront pas aux exploits sportifs : ils révéleront une nation, ses territoires pluriels, ses savoir-faire, sa jeunesse vibrante, ses transformations et ses ambitions futures.
Derrière les stades, les médailles et les cérémonies, se cache une opportunité rare : repositionner le Sénégal sur l’échiquier mondial, non pas uniquement à travers ses champions, mais à travers son patrimoine, ses villes dynamiques, ses cultures vivantes et ses paysages variés.
Les grandes villes qui ont su inscrire les Jeux dans une vision de marketing territorial à long terme en ont tiré des bénéfices considérables. À chaque édition, ces événements deviennent bien plus que des compétitions sportives : ils servent de levier pour redessiner l'image des territoires, attirer les investissements, dynamiser le tourisme et renforcer la cohésion locale. L’histoire en témoigne : Montréal, après les JO de 1976, a réutilisé ses équipements pour en faire des lieux de congrès et de vie communautaire. Turin, ville industrielle, a profité des JO d’hiver 2006 pour se réinventer autour de la culture, de l’innovation et de la technologie. Ces villes ont raconté une nouvelle histoire d’elles-mêmes, tournée vers l’avenir. L’Espagne a brillamment réussi cet exercice avec les Jeux de Barcelone en 1992, mettant en lumière l’ensemble de la Catalogne et redéployant son attractivité au-delà de la métropole. La ville de Barcelone a profité de ces JO pour transformer son identité urbaine et culturelle, repositionnant la ville au sein des Eurocités Européennes et sur l’échiquier touristique et économique mondial. Les JOP ont servi de levier et de vitrine. À Londres, les JO de 2012 ont permis la reconversion d’un quartier entier, devenu un symbole de renaissance urbaine et de vitalité économique, mais aussi d’affirmer son rôle dans l’innovation et les start-up en valorisant la dynamique autour de l’ancien quartier industriel de Shoreditch. Le Brésil a fait de même avec Salvador, Recife ou Manaus lors des événements de 2014 et 2016. Paris a profité des JOP de 2024 pour réaffirmer sa créativité et mettre en lumières les transformations du quartier des Athlètes à Saint – Denis. Aujourd’hui à Los Angeles, la dynamique des Jeux de 2028 est déjà enclenchée autour d’un projet de territoire durable où se mêlent innovation, écologie et inclusion sociale.
Dakar 2026 peut suivre cette voie, à la manière sénégalaise. Saint-Louis peut révéler son architecture coloniale et son identité culturelle fluviale. La Casamance peut se présenter comme modèle de développement durable et de tourisme éthique. Thiès, Diourbel, Matam ou Tambacounda peuvent faire émerger leurs récits uniques. C’est enfin une occasion unique de valoriser le « Grand Dakar » du plateau à l’aéroport international Blaise Diagne en passant par la ville nouvelle de Diamniadio et le Département de Rufisque.
L’événement doit ainsi être pensé comme un miroir du génie sénégalais et de son émergence internationale. Chaque région peut devenir une scène, chaque terroir une marque, chaque aéroport un portail d’émotion et de découverte. 
Le vrai défi est là : inscrire Dakar 2026 dans une stratégie nationale de marketing territorial capable de raconter, séduire, attirer et transmettre. Car au-delà des infrastructures et équipements visibles, l’attractivité durable d’un territoire repose sur un actif immatériel souvent sous-estimé : son image. L’image d’un territoire est un capital stratégique façonné par des récits, des émotions et des symboles. À travers Dakar 2026, il s’agit d’amplifier ces images fortes du Sénégal pour en faire les piliers d’une stratégie durable de branding territorial. Le Sénégal a de nombreuses richesses à offrir au monde à commencer par l’esprit de la Teranga qui symbolise les valeurs d’hospitalité, de partage et de solidarité des Sénégalais.

Le marketing territorial, un levier invisible mais essentiel pour révéler la beauté plurielle du Sénégal lors des JOJ 
Les grands événements n’ont de valeur durable que s’ils s’inscrivent dans une vision à long terme. Le marketing territorial est cet outil stratégique qui permet d’ancrer une dynamique au-delà des dates officielles et de transformer une parenthèse sportive en héritage structurant.
Pour le Sénégal, l’enjeu est du même ordre : faire de Dakar 2026 le point de départ d’une narration nationale renouvelée. De Saint-Louis à Ziguinchor, de Lac Rose au pays Bedik, le Sénégal est un kaléidoscope de territoires, de traditions et d’innovations. Dakar 2026 est une occasion exceptionnelle pour montrer cette pluralité au monde entier et de révéler les apports de la culture sénégalaise. 
Les JOJ 2026 sont aussi l’occasion d’accélérer la transformation du Sénégal pour le bonheur de ses habitants. Une infrastructure sportive à Sédhiou peut devenir un lieu de vie pour les jeunes. Une route à Kaffrine peut désenclaver des filières agricoles.
Le Sénégal veut s’inscrire dans cette logique d’archipels d’attractivité où chaque région a une identité à affirmer :

  • Saint-Louis, ville d’histoire et de création artistique.
  • Ziguinchor, symbole de paix, de résilience et de biodiversité.
  • Kaffrine, Tambacounda, Kolda : des terres fertiles à l’avenir prometteur.
  • Diamniadio, la porte de l’international.

Dakar 2026 peut être l’occasion de faire du Sénégal non plus une destination unique, mais un ensemble de mondes à explorer. À travers cet événement, le Sénégal peut devenir ce pays qui sait se raconter, qui sait accueillir, mais surtout, qui sait se projeter.
Le marketing territorial permettra de tisser des récits qui donnent du sens, fédèrent et inspirent ; car, il est un langage commun entre les élus, les entrepreneurs, les citoyens et les investisseurs. Le marketing territorial est aussi l’occasion de mobiliser et faire converger les énergies dans des actions mutualisées créatrices de retombées. L’expérience menée de 2020 à 2023 à l’échelle de la Destination Dakar – Rufisque - Diamniadio montre qu’il est possible d’agir ensemble et qu’une telle démarche est génératrice de retombées.

Les aéroports : passer de simples passerelles à de véritables vitrines territoriales 
Conformément à la Vision Sénégal 2050, fondée sur une gouvernance plus juste, souveraine et ancrée dans les réalités locales, le territoire national est repensé comme un ensemble de pôles de développement complémentaires. Chacun de ces pôles ; qu’il soit culturel, économique, agricole, touristique ou social ; constitue un levier stratégique pour assurer un rééquilibrage territorial durable et inclusif.
Du Nord historique au Sud naturel, de l’Est minier à l’Ouest métropolitain, cette nouvelle architecture territoriale soutient l’ambition d’un Sénégal unifié dans sa diversité, où chaque espace participe pleinement à la transformation nationale.
Dans cette dynamique, AIBD SA inscrit l’action de ses aéroports régionaux au cœur de la reconfiguration territoriale engagée. En renforçant l’interconnexion entre les plateformes et en valorisant les spécificités locales, AIBD SA fait de chaque aéroport un catalyseur de développement, une vitrine du territoire et un levier de souveraineté économique à l’échelle locale. Les infrastructures aéroportuaires deviennent ainsi des instruments d’un aménagement équilibré, inclusif et aligné sur les aspirations des populations.
L’aéroport Ousmane Masseck Ndiaye dans la ville tricentenaire de Saint-Louis, valorise l’offre touristique fluviale et patrimoniale de la ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Celui de Cap Skirring propose une immersion immédiate dans l’expérience casamançaise, authentique et durable. Les plateformes de Tambacounda, Kédougou ou Matam facilitent quant à elles l’accès à des circuits écotouristiques et culturels uniques, ancrés dans la richesse naturelle et humaine de l’Est du pays.
À l’horizon des JOJ Dakar 2026, cette stratégie positionne AIBD SA comme un acteur clé du développement territorial, capable de relier les espaces, de renforcer leur visibilité et d’accompagner les dynamiques locales dans une perspective à la fois nationale et internationale.
Des exemples inspirants existent. La ville de Barcelone a profité des JO pour doubler sa fréquentation touristique en 5 ans grâce à un aéroport modernisé et scénarisé. 
Lorsqu’il est intégré dans une stratégie de marketing territorial, l’aéroport devient bien plus qu’une infrastructure de transport : il se transforme en véritable plateforme d’attractivité régionale. À travers les places aéroportuaires, il offre une opportunité unique de :

  • Créer des expériences sensorielles dès le tarmac ;
  • Valoriser des produits locaux dans les zones duty-free ;
  • Mettre en place des campagnes visuelles connectées aux récits des villes ;
  • Bâtir des partenariats entre aéroports et collectivités pour co-construire l’attractivité
  • Permettre de diversifier l’économie locale
  • Etc. (pour aller plus loin le lecteur peut se reporter aux chapitres 5 et surtout 7 (marketing territorial)  du rapport de l’Association internationale Metropolis sur les places aéroportuaires durables.

Un appel à agir maintenant
Dakar 2026 ne doit pas être une fin, mais un début. Il faut agir dès maintenant : former les élus, cartographier les récits régionaux, identifier les ambassadeurs locaux, lancer des campagnes d’image.
Chaque Commune peut devenir une destination d’intérêt. Chaque territoire peut bâtir sa proposition de valeur. Chaque jeune peut devenir acteur du changement.
À l’image de Lillehammer ou Turin, le Sénégal peut faire de ses villes secondaires des pôles de développement, grâce à une stratégie coordonnée de marketing territorial.
Il ne s’agit plus simplement d’organiser un événement : il s’agit d’en faire le déclencheur d’un nouveau récit national.

Conclusion : Une nation en mouvement
Dakar 2026 ne sera pas seulement une compétition sportive. Ce sera un tournant stratégique pour notre nation mais aussi l’occasion de montrer, par l’action, ce que le Sénégal fait de mieux : accueillir, inspirer, innover.
À travers ces Jeux Olympiques de la Jeunesse, le pays tout entier se mobilise pour raconter son histoire autrement. Mettre en lumière ses savoir-faire, ses cultures, ses talents. Et rappeler que le développement, aujourd’hui, passe aussi par l’image que nous projetons de nous-mêmes.
Chaque collectivité, chaque entreprise, chaque citoyen a un rôle à jouer. Car derrière les médailles, il y a des récits à faire vivre. Derrière les infrastructures, il y a un héritage à bâtir.
Le marketing territorial n’est pas une affaire de slogans. C’est une stratégie pour révéler la richesse de nos régions, attirer des opportunités durables et renforcer la fierté nationale.
Dakar 2026 est une chance. Une impulsion. Une invitation à transformer l’essai, ensemble.
Le compte à rebours est lancé. À nous de transformer cet accueil en acte fondateur. À nous de faire du Sénégal un exemple africain de vision, de stratégie et de fierté.
 

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