La Cosmetic Valley et le marketing des territoires
Jean-Luc Ansel, Directeur Fondateur du pôle de compétitivité Cosmetic Valley et Président de France Clusters a accepté de répondre aux questions de www.marketing-territorial.org. Retour d’expérience d’un pôle de compétitivité très préoccupé de marketing territorial.
Pouvez-vous nous rappeler la genèse de la Cosmetic Valley ?
La Cosmetic Valley s’est créée en 1994 sous le modèle des « districts italiens » suite à la demande des chefs d’entreprises d’Eure et Loir
qui désiraient pouvoir créer des synergies et des courants d’affaires entre eux.
Cosmetic Valley leur a apporté immédiatement un environnement favorable au développement de leurs relations tant commerciales
qu’amicales. Elle les a entraînés sur des salons à l’étranger (Hong Kong, Dubaï, …). Ceci a permis ainsi de développer, outre du chiffre d’affaires à l’export, une image forte de la
« Cosmetic Valley » dans le monde parce que nous réunissons les entreprises sous cette bannière sur chaque salon.
Le lien entre toutes les sociétés et la création de cette structure a pu facilement se faire grâce à la Présidence d’une grande
personnalité comme Jean-Paul GUERLAIN.
Comment pouvez-vous décrire la Cosmetic Valley en 2012 ?
Je veux la décrire pour ce que nous voulons être.
Notre volonté est d’être reconnue dans le monde entier comme le premier « écosystème » ou centre de ressources dans
les métiers de la parfumerie cosmétique.
Pour l’instant, nous n’avons pas de concurrent direct. Nous regroupons quasiment tous les grands noms mondiaux et près de 600
entreprises dont la moitié sont membres de la Cosmetic Valley et dont 80% sont des PME ou TPE.
Nous devons assurer notre position de leadership avec l’aide des collectivités notamment avec des projets structurants qui
donneront une assise aux valeurs du « Made in France » (qualité, innocuité …) essentielles pour vendre nos produits, valeurs qui sont autant de moyens pour favoriser l’évolution
vers le haut de nos PME.
Les 200 laboratoires des 7 universités (dont Cergy Pontoise, Versailles, Paris XI) participent à cette
fertilisation d’innovation vers les entreprises que nous développons au sein du pôle et qui débouche sur des nouveaux projets de recherche.
Notre pôle doit aussi être reconnu comme le territoire (Ile de France, Région Centre, région Haute-Normandie)
qui porte le « Made in France », qui développe des excellences de savoir-faire et qui abrite un réseau d’entreprises, de recherche, de formation, actif et générateur d’idées, de
création et d’inventivité.
Notre pôle n’est pas qu’une machine à « sortir des projets de recherche ».
Quel est l’ancrage territorial de votre pôle de
compétitivité ?
L’ancrage territorial de la Cosmetic Valley est directement lié aux lieux où se sont créés et développés la parfumerie et la
cosmétique mondiales et le « Made in France ». C’est à Paris et en région parisienne que se sont créés la plupart des grands noms (Guerlain, Chanel, Dior, Paco Rabanne,
Coty, l’Oréal, …). C’est en Région Centre, après la seconde guerre mondiale que se sont implantés une bonne partie des usines qui fabriquent ces parfums et cosmétiques et c’est en région
Haute-Normandie que l’on fabrique aussi des parfums (Hermès) ou les produits qui servent à les valoriser notamment par le packaging (Aptar, Rexam) ou par l’industrie du verre avec la
« Glass Valley »
C’est aussi la présence du Port du Havre et l’Axe Seine, débouché naturel des exportations de toute l’industrie de la Cosmetic
Valley responsable du 2ème ou 3èmeexcédent commercial national après l’aviation.
Y-a-t il des spécialisations territoriales marquées ?
Chaque territoire porte en lui des compétences spécifiques sur lesquelles le pôle peut, non seulement s’appuyer, mais aussi
apporter une spécialisation qui favorisera une visibilité liée à celle du pôle mais aussi le développement d’une excellence mondiale dans le domaine cosmétique.
C’est ainsi par exemple qu’à partir du travail fait, à la fois par des entreprises de l’Indre et Loire et de l’Université de
Tours sur le sensoriel, se développe une plateforme sur le thème du sensoriel et de la cosmétique ainsi qu’un congrès international, permet de mettre à disposition un outil unique aux acteurs de
la Cosmetic Valley, de créer une dynamique propre au territoire et de créer une visibilité sur ce thème que seule porte la Cosmetic Valley dans le monde de la cosmétique.
Il en est de même pour la plupart des territoires de la Cosmetic Valley et notamment l’Ile de France où pour
l’instant 3 collectivités ont marqué leur intérêt pour la création d’une telle dynamique. En effet, dans le Val d’Oise, à Cergy Pontoise, nous déposons, dans le
cadre du Grand Emprunt, la création d’une plateforme sur l’innovation dans la mesure et les tests, fondement de la qualité de nos entreprises et du « Made in France ». Ceci vient
appuyer déjà une excellence valorisée par le réseau « RMVO » cluster d’excellence dans la mesure. Nous voulons développer ainsi pour toute la Cosmetic Valley
cette excellence sur ce territoire, profiter du réseau Cosmetic Valley et le faire savoir en s’appuyant sur un congrès pérenne.
Cette dynamique ne peut se faire que si elle est partagée par tous les acteurs, en particulier les collectivités territoriales
appuyées par l’Université et les entreprises.
Il en va de même pour l’Agglomération d’Argenteuil Bezons qui développe une excellence sur la mécatronique pour
laquelle les entreprises du pôle peuvent en tirer un profit tout à fait conséquent.
Enfin, dans les Yvelines, l’excellence de l’olfaction portée par le CCI et son école l’ISIPCA,
reconnue internationalement, est l’objet d’un développement de réflexion sur différents thèmes et notamment sur la digitalisation de l’olfaction dont les débouchés possible semblent très larges
(médecine, bien-être, ...).
Comment concevez-vous le marketing du pôle de
compétitivité ?
Le marketing de notre pôle s’assoie sur les arguments
suivants :
. Nous sommes le seul territoire a revendiqué cette place de leader mondial
. Nous sommes sur un secteur où l’argumentation du vrai « Made in France » (les valeurs) est essentielle pour la vente
des produits en particulier ceux des PME
. Une implantation dans le territoire français et en particulier de la Cosmetic Valley est donc attractif
. La valeur du territoire « Cosmetic Valley » est synonyme de lieu de recherche, de « Made in France », de
savoir-faire et de potentiel humain de qualité.
Les outils :
. La présence de nombreuses PME sous le pavillon français sur les principaux salons internationaux (Dubaï, Hong
Kong, …)
. Un film disponible sur internet en 6 langues
. Des informations/publicité sur les évènements (congrès, salons), sur la recherche cosmétique, sur la
veille
. Une valorisation du réseau à travers le site internet et l’annuaire
. Les congrès dans les différents territoires de la Cosmetic Valley
Quels conseils pourriez-vous donner aux porteurs d’initiatives de marketing
territorial ?
. Créer une image porteuse de valeurs
. S’appuyer sur un réseau « ambassadeur » de collectivités, d’entreprises et de recherche
. Créer des évènements sur l’excellence territoriale
Propos recueillis en avril 2012